La Marseillaise du 21 février 2014 – écrit par Romain Alcaraz

Municipales 2 de 3 _ Urbanisme _ La Marseillaise du 21 février 2013

TOULON Urbanisme : débat au centre

 Deuxième volet du compte-rendu des échanges entre les candidats à la mairie de Toulon. Avec, cette fois, le thème de l’urbanisme en question. L’occasion pour Robert Alfonsi (PS), André de Ubeda (Front de gauche) et Olivier Lesage (Alliance écologiste indépendante) de présenter leurs projets pour le centre ancien.

Municipales (2/3). Second volet du compte-rendu du débat qui a opposé trois postulants au poste de premier magistrat de Toulon. Avant l’économie et l’attractivité, il est question ici d’urbanisme.

Le centre ancien au coeur des projets

« A voir la salle pleine, il semble évident que Toulon devait avoir besoin d’une telle soirée », sourit Valentin Giès, président de l’association Toulon@venir. Effectivement, le débat entre les candidats à la mairie de la ville, événement inédit, a soufflé un vent de fraîcheur sur la démocratie dans le Port du Levant. Malgré (ou grâce à) l’absence du maire sortant et du candidat frontiste, tous deux invités, les débats ont été fructueux entre André de Ubeda (Front de gauche), Robert Alfonsi (Parti socialiste) et Olivier Lesage (Parti écologiste indépendant). Et après les transports (notre édition d’hier), nous nous attachons aujourd’hui à rapporter les échanges autour des projets d’urbanisme. Une aubaine pour les candidats, puisque pouvaient être présentés ici les desseins les plus fous. Comme celui, par exemple, d’amener la mer au pied du cours Lafayette, histoire de « faire en sorte que les pêcheurs vendent directement depuis leurs pointus », comme l’envisage Olivier Lesage. Le candidat ne manque pas d’autres idées, comme celles qui consistent à « végétaliser » à peu près tout (façades, ponts, places…), à refaire la place d’Armes (« Une partie pour la promenade, une autre pour les jeunes, avec un skate-park… ») ou encore à créer un « parc de sept hectares derrière la salle des ventes » où « il y a un espace à récupérer ». « Toulon est comme une jolie femme, il faut qu’elle se pare de ses plus beaux atours », lance-t-il.

La large gauche prône la participation des Toulonnais

Robert Alfonsi aussi a présenté ses visions, dont la principale est la fameuse traversée de la Rade (une avenue piétonne qui descend depuis la haute ville vers la mer). Mais le socialiste s’est surtout attaché à défendre sa vision de la ville : « Aujourd’hui, les quartiers s’opposent aux quartiers. Cette ville s’est complètement fermée sur elle-même. Il faut redonner de la civilisation urbaine. Il faut des lieux où l’on se rencontre, où l’on se parle, où l’on débat, où l’on se confronte. La démocratie circule aussi mal que les Toulonnais. »

Enfin, André de Ubeda, tout aussi chagriné par le bilan du maire actuel (« Le constat est catastrophique et je le dis peiné, car c’est encore du retard, et si on arrive aux manettes, on aura du mal a rattraper ce passif… »), ne baisse toutefois pas les bras : « Sur la revitalisation du centre-ville on n’a pas de solutions clés en main. On a beaucoup d’idées mais on ne dira pas aux Toulonnais : «Venez voir, on a décidé pour vous. Nous voulons mettre en place des ateliers d’urbanisme, mais en tenant compte de l’intérêt général et non de l’addition d’intérêts particuliers. » Parmi les pistes que la liste Front de gauche entend explorer, celles qui mènent au centre ancien tiennent une bonne place : « Nous y créerons des pépinières d’artisans, des services pour les étudiants, un centre de santé avec tiers payant, un corridor culturel avec l’utilisation de l’immeuble du Crédit municipal, et celui des halles municipales pour la mise en place d’un pôle commercial. » Interrogés par la salle sur l’Opéra, les candidats ont eu l’occasion de poursuivre le débat sur un bâtiment emblématique. Sauf peut-être Olivier Lesage, surpris par « une question piège ». André de Ubeda lui rappela donc que « ce n’est pas le bâtiment qui est en danger mais la pérennisation des emplois » préconisant « une baisse des tarifs ». Robert Alfonsi, lui, regrette « les matinées des opérettes » : « Il faut y revenir. » Mais c’est aussi la gestion que l’homme veut revoir : « On surpaye l’administratif par rapport à l’artistique… » De quoi entamer un peu le thème qui sera résumé demain : la finance et l’attractivité.

ROMAIN ALCARAZ

 

Urbanisme à Toulon : état des lieux

 

Hubert Falco, maire (UMP) de la ville, est aussi un ancien ministre. Mais outre le poste de délégué aux Personnes âgées, occupé en 2004, il fut aussi, peu de temps après, secrétaire d’État chargé de l’Aménagement du territoire. Un tel poste, ça affirme une bonne maîtrise en termes d’urbanisme. C’est du moins ce que l’on pourrait croire. A regarder le bilan de ses mandatures pour ce qui est du centre ancien, on peut sérieusement douter des capacités du maire sortant à aménager le territoire de sa ville. La preuve tient en un sigle : Anru. Pour Agence nationale pour la rénovation urbaine. En 2006, la Ville passe une convention avec l’Anru, pour la création de plus de 1200 logements (sociaux, étudiants et locatifs), ainsi que de nombreux équipements publics (Pôle santé, crèche de 50 places…) sur le site du centre ancien. Depuis, cette convention ne cesse de subir des modifications réduisant à peau de chagrin ses objectifs en termes de logements notamment. Huit ans plus tard, la seule réalisation d’envergure (l’îlot Baudin) a vu la création de 103 logements étudiants et 43 logements sociaux. De nouveaux projets sont annoncés par l’équipe municipale en place dans le centre historique. Des projets peu appréciés par l’opposition, notamment ceux qui concernent des bâtiments emblématiques de la ville, aux halles, ou à l’ancien Évêché, où des opérations commerciales et d’hôtellerie-restauration sont envisagées. Les logements sociaux sont en déficit dans la ville par rapport à la loi SRU (12 130 logements sociaux au 1er janvier 2012, soit 14,8%, contre 25% préconisés par la loi). Hubert Falco, comme à son habitude, rabâche la même excuse : la ville manque de foncier pour les réaliser. L’opposition rétorque que les rares terrains disponibles sont invariablement cédés au privé. La municipalisation de l’eau est également souvent appelée des voeux de l’opposition de gauche. Une municipalisation qui n’est clairement pas envisagée du côté de l’équipe municipale en place. Côté bilan, en termes d’urbanisme, il manque de nombreuses réalisations pour que les promesses de campagne de 2008 soient respectées. L’une d’elles, c’est par exemple la réalisation de nouvelles tribunes au stade Mayol. La réfection de la structure municipale refait pourtant surface périodiquement. Tous les six ans. Elle est donc à nouveau annoncée, à quelques semaines du premier tour.

R.A.

 

Ils ont dit

 André de Ubeda, Front de gauche : « 35 millions d’euros pour le stade Mayol, pourquoi pas ? Mais il faudra alors aussi 35 millions pour les écoles, pour le logement, pour la culture… »

 Olivier Lesage, Alliance écologiste indépendante : « Nous sommes favorables à de grands projets. Nous ne voulons pas de la LGV, mais nous ne sommes pas contre les grands projets ! »

 Robert Alfonsi, Parti socialiste : « Il faut mettre en débat les projets, car les projets ne sont pas arrêtés au soir de l’élection. Le débat avec les Toulonnais est important à nos yeux. »