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9 AVRIL 2016 – Textes : Catherine Pontone – Paul-Henri Coste – Photos Valérie Le parc

Une zone commerciale d’activités sans bouchon, cela relève de l’utopie. Cela est d’autant plus vrai lorsqu’il s’agit de la zone d’activités de Grand Var, qui forme ainsi un des plus puissants pôles du sud de la France en nombre d’enseignes implantées.

Qui dit nouveau centre commercial, dit nouveaux accès et débouchés sur les voies existantes. Avec près de 14 000 visiteurs espérés par jour, les cartes du trafic et des aménagements routiers ont été, de fait, redistribuées. Mais le réseau sera-t-il suffisant aux heures de pointe, le vendredi et le samedi dans un secteur déjà saturé ?

Des « goulots d’étranglement » selon le collectif tramway

Intarissables ! Sur la question des transports et des éventuels problèmes de circulation autour de l’Avenue 83, les membres du collectif tramway sont aussi intarissables que critiques.

« Ce n’est pas grossir le trait que de dire que sur toute la zone, à quelques jours de l’ouverture, c’est le grand affolement », s’agace Madeleine Brun, membre de Toulon@venir.

« Les parkings n’ont pas été prévus pour cette énorme structure. Ça va produire d’énormes bouchons, du temps perdu, des difficultés. Le manque de transports adaptés apparaît là comme étant une aberration. C’est de l’irresponsabilité de la parc de nos élus. »

Puisant des chiffres dans les études réalisées pour la révision du PLU de La valette, le collectif tramway estime que le secteur ne peut pas absorber les 5 000 véhicules supplémentaires prévus en semaine, ni les 8 500 du week-end.

« Et il y a un énorme problème », estime valentin Gies, le porte-parole du collectif : « L’accès se fait par deux endroits, au nord et au sud, mais dans tous les cas, il faut prendre des ronds-points qui sont déjà totalement saturés tous les soirs. Au lieu de séparer les flux et faire des entrées multiples, on a créé des goulots d’étranglement pour rentrer dans le centre commercial !»

« Et tout ce trafic passe par les quartiers sud de La valette où la circulation est déjà horrible », surenchérit Jean-François Guyetand, le président du collectif tramway.

Au passage, ils ne ratent pas l’occasion de s’insurger en chœur en estimant que «la globalité de la structure et les accords commerciaux ont été concédés sur la présent d’un TCSP qui n’existe toujours pas… »

« A l’origine, ce quartier a été présenté comme un écoquartier », grince Maurice Franceschi, président de Toulon Var déplacement. « Ce qui lui donnait son caractère écoquartier, c’était le fait d’être traversé par le tramway. Mais quand on voit le résultat, il n’y a rien d’écologique ! »

avenue 83

Comment minimiser l’impact sur la circulation ?

La naissance du quartier Château-Redon, avec en son cœur L’Avenue 83, va générer un impact sur la circulation. Pour le minimiser, des mesures et aménagements ont été préconisés lors de l’étude sur la circulation réalisée en juin 2010. Celles-ci étaient préalables au dépôt du dossier auprès de la commission d’aménagement commercial.

En se projetant sur 2020, elles englobaient la traversée du site par les lignes du transport en commun en site propre et l’élargissement de l’A57. « Le projet a été bâti dès 2002 autour d’une colonne vertébrale qui était le transport en commun en site propre, dans le cadre du plan de déplacement urbain », insiste le sénateur-maire Christiane Hummel. On a travaillé au point de vue du déplacement urbain avec l’agglomération. Aujourd’hui, c’est bien un transport en commun en site propre puisque les bus traversent uniquement une partie de l’avenue de l’Université.»

Mais ni les lignes régulières TCSP, ni l’élargissement de l’A57, ne sont aujourd’hui d’actualité à l’ouverture de L’Avenue 83, le 13 avril.

Accès et sorties des deux parcs de stationnement

Nouvelle voie de circulation.

Le profil. Une nouvelle voie d’intérêt communautaire est déjà mise en service pour compenser la piétonnisation d’une partie de l’avenue de l’Université.

Depuis le nouveau giratoire, réalisé par le Département sur l’avenue de l’Université, cette voie, réalisée par TPM, rejoint le sud, par la route départementale RD 85 en direction de La Garde, et fait la liaison avec l’avenue de Sainte-Claire, en direction des Espaluns.

Parking au sud

La nouvelle liaison entre l’avenue de l’Université et l’avenue de Sainte-Claire permet d’accéder à l’entrée sud du parc de stationnement.

Entrée du parc

La voie d’accès est relativement courte. Cela ne risque-t-il pas de générer une remontée de file de voitures, en provenance de La Garde ?

« On a mis les équipements nécessaires pour éviter les remontées de file. On a à la fois des moyens techniques et humains (agents de sécurité et maintenance) pour pouvoir orienter les gens et les guider », explique Michel Adamo, directeur de L’Avenue 83. En amont du parking, le nombre de places restantes au nord et au sud sera indiqué. « Un système de guidage pour trouver une place permettra d’éviter une file d’attente à l’intérieur du parking », commente-t-il.

Côté sortie, les automobilistes emprunteront une voie dédiée, longeant l’avenue de Sainte-Claire jusqu’au giratoire de Mac Do’. Ce qui favorise, selon le directeur du centre commercial, la fluidité. Seul souci : les automobilistes stationnant dans un parc d’environ 745 places, vont sortir sur un giratoire déjà saturé aux heures de pointe. « On est sur de l’existant. La circulation, avant notre arrivée, était déjà un peu contrariée selon les périodes », reconnaît Michel Adamo. Christiane Hummel temporise les flux attendus : « Il n’y a pas eu de création de surface alimentaire comme c’est le cas avec Carrefour à Grand Var, qui draine des milliers de visiteurs. Nous ayons des moyennes surfaces et un cinéma. »

Parking nord

Aménagé sur trois niveaux, le parc d’environ 800 places a une entrée et sortie distinctes depuis le giratoire de la Redonne. « Les automobilistes qui quitteront le parking ne sortiront pas directement sur le giratoire », rassure Michel Adamo.

Aux heures de pointe, cela promet toutefois quelques embouteillages…

Questions à Michel Adamo, directeur du centre

« Je souhaiterais renforcer le nombre de lignes de bus »

Michel Adamo, directeur du centre commercial L Avenue 83, connaît bien l’effervescence qui règne à l’ouverture d’un nouveau centre. A J-4, il ne sous-estime pas l’attente des clients.

Avez-vous bien anticipé l’affluence du jour ?

On est sur une nouveauté. Cela reste une ouverture. Il y a donc des mesures exceptionnelles qui seront mises en place avec des renforts spécifiques. On s’est mis en lien avec les services de la police nationale et municipale. Des rondes vont être accentuées, et ils seront sur le qui-vive, comme nos agents, s’il y avait le moindre souci.

On ouvre le mercredi, en période de vacances scolaires. C’est un peu le tour de chauffe, puis cela va monter en puissante jusqu’au dimanche. Ensuite, le centre va prendre son rythme.

Le centre devait être desservi par des lignes du TCSP : cela sous-entendait plus de personnes transports et donc moins de véhicules sur la zone.

On est conforme à ce qu’on nous a imposés. Le nombre de personnes transportées en bus va être un bon indicateur. Des réglages vont être consécutifs au lancement de notre centre. Je vais aller rencontrer la ville et le réseau Mistral pour retravailler les plages horaires des lignes de bus existantes. Pourquoi pas étendre le planning de passage des bus à sept lignes, et notamment les dimanches(1).

La coexistence bus et piétons n’est-elle pas sans risque ?

Les deux arrêts, avenue de l’Université, ont été positionnés pour que les bus soient en phase de décélération. Cela va favoriser l’accès piéton entre la partie nord et celle du sud. Une signalétique particulière a été mise en place.

Les salariés ne pourront pas stationner sur site…

Le nombre de places de stationnement (1 545 réparties entre le parc sud et celui du nord, NDLR) est conforme au permis de construire. Mais quand il a fallu s’adapter, on l’a fait.

Il est toujours difficile de connaître le nombre de salariés présents la journée : cela fluctue en fonction des plages horaires, de la taille de l’enseigne, et de l’effectif.

Nous ayons trouvé une solution interne en louant un parking de 400 places, situé à proximité.

  1. Cinq lignes de bus desservent l’avenue de l’Université:U, 55, 103, 129 et 191.

La ville n’exclut pas des ajustements

Christiane Hummel ne cache pas qu’il faudra certainement faire des ajustements. Elle met surtout l’accent sur le développement économique : « On ne peut pas, quand on est responsable du développement économique de la communauté d’agglomération, laisser s’installer des friches de plusieurs hectares »

Le lotissement Sainte-Claire attend son feu

« Aujourd’hui, on ne peut faire que des suppositions, mais il est évident qu’on s’attend à des difficultés. » Présidente du Cil Sainte-Claire. Isabel Dufosse n’a qu’une question en tête depuis des mois : comment va-t-on pouvoir circuler dans le secteur, après l’ouverture de l’Avenue 83 ?

Le lotissement Sainte-Claire, c’est en effet la zone pavillonnaire qui surplombe le sud du centre commercial. Posées sur la colline, 243 maisons font face au Coudon. Un cadre paisible, semblant loin de la ville et où les lilas sont déjà en fleurs.

Problème : pour rentrer et sortir du lotissement, il n’y a qu’un accès, une petite voie perpendiculaire à l’avenue Sainte-Claire qui débouche face au parking sud du centre commercial.

« Et ici, on est totalement dépendant de la voiture », concède Isabel Dufosse. Ce qui l’inquiète, c’est que le carrefour donne sur un axe qui a vu sa fréquentation exploser depuis la fermeture de l’avenue de l’Université. « Dans le secteur ça a toujours été très chargé », reconnaît Isabel qui habite ici depuis une trentaine d’années. « À l’époque de Barnéoud et des ventes de voitures d’occasion sur les parkings le week-end, je ne sortais plus le samedi. Là on ne sait vraiment pas à quoi s’attendre »

Pas décidée à subir sans réaction, la présidente du Cil a multiplié les interventions auprès d’Altarea, de TPM et de la mairie pour anticiper les bouchons. « Et il n’y a que la mairie qui m’a répondu », s’irrite Isabel Dufosse qui se souvient qu’à un moment il avait même été question d’interdire aux automobilistes de tourner à gauche en sortant du lotissement.

« Heureusement, cette idée n’a pas été retenue. Mais il reste le problème de l’encombrement des voies autour du centre, et la question du feu pour rejoindre l’avenue de Sainte-Claire. Nous avons refusé le principe d’un feu clignotant qui nous paraissait trop dangereux. La mairie nous a promis qu’elle allait installer un feu à déclenchement à pédale, c’est-à-dire qu’il passe au vert quand des véhicules attendent. Il parait que la commande est passée. J’espère maintenant que l’installation va se faire rapidement,,, »

Trouver le bon réglage du dispositif prendra peut-être un petit moment, mais soulage les riverains. « On ne veut pas paraître négatifs par principe et donner une mauvaise image du lotissement, mais nous, le chantier et le centre, ont s’en serait bien passé », glisse Jean-Louis Suraci, propriétaire en bas du quartier. « On n’a pas eu notre mot à dire, mais en fermant l’avenue de l’Université , ils nous font passer font passer une autoroute juste en bas. Il est évident que ce sont des nuisances, et le problème, c’est que le centre n’est même pas encore ouvert… »

Du bout des lèvres, la présidente du Cil confie que, sur le bas du lotissement, quelques propriétaires ont préféré quitter les lieux depuis le début du chantier. « Ils l’ont fait plus par inquiétude qu’autre chose », relativise Isabel Dufosse, « parce que de foute façon, on trouvera bien des solutions pour vivre avec ce nouveau voisin… ».

Var-Matin du 9 avril