La Marseillaise – 21 février 2012 –
Transport en Commun en Site Propre sans discussion, pas sans opposition –
Hier matin, Hubert Falco a dit ne pas sortir de son projet de bus à haut débit.
Dans la foulée, élus de gauche et usagers ont vivement réagi.  BRUNO ISOLDA
 
En conférence de presse, Hubert Falco a réaffirmé son attachement au Bus à haut niveau de service. Côté partisans du tram, on affirme que tout sera fait pour obtenir le rail.
Il restera deux certitudes après la conférence de presse organisée hier matin par Hubert Falco dans les locaux de Toulon Provence Méditerranée (T.P.M.). La première est que le président de T.P.M. reste arc-bouté à son projet de Bus à haut niveau de service (B.H.N.S.) et que par-là même, il entérine son refus d’un tramway pour Toulon et son agglomération.
La seconde est que ça ne passera pas tout seul.
Les associations de citoyens usagers affichent non seulement la même détermination mais aussi leur colère. Surtout à la lecture des chiffres soumis lundi en fin de matinée par le maire de Toulon.
Après avoir affirmé que « l’Agglo » avait hissé le Réseau Mistral (avec ses bus et ses bateaux) « parmi les meilleurs réseaux de transport de France », c’est avec moult tableaux récapitulatifs, de listes de villes et autres calendriers qu’Hubert Falco a développé ses arguments.
« En 2005 », a-t-il martelé, « nous n’avions, pour réaliser un système en site propre, que la solution du tramway et nous l’avons proposée. A cette époque, on ne parlait pas de B.H.N.S. ou de Busway. Depuis, c’est comme ça, ces nouveaux systèmes sont arrivés… » Pour finir, après avoir brandi une liste de 38 grandes villes françaises ayant opté (ou qui opteront) pour le B.H.N.S., il lâchera un : « Si vous achetez une voiture, vous ne prenez pas un modèle de 2005, mais un modèle de 2012 ! » Se voulant définitif.
 
Définitif ?
A voir…
Hubert Falco le sait, il faudra passer par la case justice, face aux tenants du tramway, qui  non plus ne désarment pas. Et peut-être pas seulement au niveau des procédures en cours mais encore de celles à venir. Toulon@venir, justement, est certaine de son fait.
« Escroquerie ».
Par la voix de Valentin Giès, nous avons ressenti une exaspération vraie : « J’ai vu le dossier », s’exclame le porte-parole de l’association, « c’est de l’escroquerie ! Il[Hubert Falco] oublie de dire qu’en France, toutes les villes de plus de 200 000 habitants ont opté pour le tramway. Que ses amis politiques, et des plus célèbres, ont préféré l’équipement sur rail. Par ailleurs je dis que les chiffres présentés [lundi] par T.P.M. sont aberrants. Ils donnent une capacité de déplacement de 4500 voyageurs par heure (2640 pour le tram) au B.H.N.S. Soit 6 personnes au mètre carré. Vous imaginez, 6 personnes dans un mètre carré ? A Nantes, quand ils parviennent à “rentrer” 3000 personnes de l’heure, c’est dans des conditions extrêmement difficiles. Nous ne voulons pas d’un transport de bestiaux ! »
Robert Alfonsi, conseiller régional et conseiller municipal socialiste de Toulon, ne dit pas moins : « Moi, il y a une chose qui me frappe. C’est que sur 24 agglos françaises, toutes, sauf Clermont, ont préféré le tram au B.H.N.S. Hubert Falco n’est pas idiot. Mais alors Juppé, Estrosi, Gaudin… le seraient assez pour passer à côté des “nouvelles technologies” de notre président ? J’avais félicité [le président Falco]en 2005, quand il a opté pour le tram. Je n’ai plus compris, quand dès 2006, il est revenu sur sa première décision. Il a beau citer de grandes agglomérations qui ont un B.H.N.S, il oublie de préciser qu’elles ont aussi, pour ligne dorsale, principale, un… tramway ».
Tout ça nous promet pour bientôt, sinon un nouveau mode de transport, du moins de belles empoignades politico-juridiques.
Assurément pas encore de quoi rêver.
C.G.
 
Repères.
Valentin Giès : « 400 millions d’euros pour remplacer un bus par un autre bus, ça va être un fiasco abominable. Nous ne laisserons pas passer un projet pareil sans nous battre. »
4500 voyageurs par heure : c’est ce que comptent « absorber » les élus de droite de la majorité à T.P.M avec le B.H.N.S.
Pour se donner une idée, on peut réserver dans son salon un mètre carré de parquet. S’y poser et y inviter cinq amis ou voisins. Pour voir si, peut-être, ça réchauffe l’atmosphère.
Risques de travaux imprévus.
Les opposants au bus à rallonge ne sont pas les seuls à le dire. Quelques spécialistes de l’urbanisme, opérateurs privés préférant ne pas être cités, nous l’ont affirmé : « Le B.H.N.S. exige plus de place au sol que le tram. Particulièrement dans les virages, à cause de son espace de giration ». Autrement dit, le B.H.N.S., quand il tourne, prend plus de place qu’un tramway. Les mêmes, toujours avec les opposants, affirment qu’en 2014, quand le tunnel sera fini et que les travaux sur le boulevard de Strasbourg pourront débuter, que lesdits ouvrages exigeront sûrement de revoir la profondeur du sol et notoirement le changement des réseaux. Ce serait une grosse désillusion pour H. Falco, qui affirme encore pouvoir éviter l’écueil.
Claude Gauthier