La Marseillaise – 29-02-2012-

Idées controversées autour de la zone franche

– Zone franche… ou franchement détournée de sa vocation première, selon associations et syndicats, à savoir la création d’emplois et de lieux de vie en centre-ville. Photo BRUNO ISOLDA –

 

Toulon@venir ou la CGT disent que le contrat urbain ne serait pas respecté dans la « zone franche ».  Et la mairie dit tout le contraire.

 

Au départ, par communiqué de presse daté du 21 février dernier, l’association Toulon@venir dit que « c’est avec satisfaction » qu’elle « a pris acte du renouvellement de la zone franche à Toulon ». Mais dans la foulée de l’annonce, l’organisme dont la voix est portée par Valentin Giès précise que « toutefois, (il) espère que le sursis accordé sera mis à profit par la municipalité pour enfin créer les conditions d’un véritable renouveau du centre-ville. »

Le texte précise alors : « La zone franche est un dispositif qui doit contribuer à améliorer la qualité de vie dans le centre ancien de Toulon, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Les entreprises bénéficiant du dispositif zone franche à Toulon ne sont pas celles dont le cœur de ville a besoin en priorité : à savoir les commerces, les restaurants et l’hôtellerie. Avec 1000 emplois pour 700 entreprises créées dans la zone franche, le nombre de salariés moyen de ces sociétés est inférieur à 1.5, ce qui démontre que ce sont pour la plupart des professions libérales bénéficiant d’un simple effet d’aubaine. »

Valentin Giès et ses amis ne sont pas seuls à le dire.

La CGT aussi, tord le nez.

Patrice Moulin, élu délégué « CGT impôts » pour le Var : « On parle beaucoup de niches fiscales, en voilà une belle. Dans la zone franche, non seulement se sont installées des professions libérales (donc en général un salarié en tout et pour tout), et des artisans qui y inscrivent simplement leur adresse. Pour travailler ailleurs en profitant des divers avantages fiscaux… »

L’adjointe au maire de la vile chargée du dossier, Mme Hélène Audibert, on s’en doutait un peu, ne dit pas vraiment la même chose que Toulon@venir.

Dans ses bureaux de la mairie d’honneur, lundi quai Kronstadt, elle nous affirmait même que la zone franche toulonnaise avait permis « d’atteindre tous les objectifs fixés » dans sa première phase et malgré quelques dérapages avoués : sur le point des suspicions de dévoiement vers un phénomène de « niche fiscale ». Elle dit : « Il y a eu en effet des différences de vue entre Bercy et le ministère de la ville. » François Baroin ne verrait dans les zones franches que les avantages fiscaux qu’elles colportent dans les zones urbaines en difficulté et point barre. Ce serait plus subtil pour son collègue Maurice Leroy, ministre de la Ville.

Ce dernier affirmait le 11 juillet dernier, et dans l’esprit d’une relance des zones franches : « La politique de la ville a besoin de continuité, d’investissement sur le long terme, mais doit encore renforcer sa politique de l’emploi. »

C’est dans le « renforcer » que l’on trouve au moins… une niche de distinguo.

Toulon s’est associée à une soixantaine d’autres communes de France (« de droite et de gauche », tient à préciser Mme Audibert) pour doper leurs politiques urbaines dans les ZUS (Zones urbaines sensibles). Et la ville brandit ses documents : « 445 activités immatriculées en 2011, dont 33% de commerces (150)».

Et la cinquième adjointe s’irrite : « Quand on cite des chiffres il faut citer les vrais chiffres ! »

Le débat est lancé. Comme les programmes sont de toutes les manières fonction des volontés gouvernementales, il pourraient de toutes les manières se trouver chamboulés par un passage électoral obligé. Au printemps. C.G.

Aller plus loin dans la ville.

Commentaire . Les associations, citoyennes ou syndicales, au delà des objectifs socio-économiques inscrits au cahier des charges général des zones franches hexagonales, en veulent un peu plus pour Toulon.

Ils contestent l’efficacité proclamée du programme de l’équipe Falco. Ils disent ne pas y trouver leur compte. Que le plan « Zones franches » n’est pas assez abouti.

Ceci est posé au débat et aura sa place dans toutes les discussions publiques à venir, avec pour pilier central le développement économique en « Zone urbaine sensible » et le logement.

Reste la question de l’animation, de l’adéquation entre créations d’entreprises et plaisir de vivre en ville, notoirement chez nous en basse ville. Ceci n’est inscrit à aucun registre, ne noircit aucune ligne officielle. C’est pourtant le problème posé par les associations. Comme une volonté d’ajouter un avenant au contrat, en somme.

Ainsi, elle occupent leur espace politique fondamental. Le respect des textes est une chose. Faire en sorte que Toulon se pose de plus en plus en cité dynamique à tous les étages, sociaux, culturels et économiques, tout de front… en sont une autre.

C’est sans aucun doute que les Toulonnais en ont besoin.

C’est terriblement humain, ça. Ces gens-là ont une ambition. Un élan progressiste. Ils veulent aller plus loin dans leur ville.

CLAUDE GAUTHIER