Qu’adviendra-t-il du fort Saint-Antoine?

Sera-t-il, comme le craignent ses défenseurs, « vendu à l’encan et privatisé »] Ou (re)tombera-t-il, in fine, dans le giron du domaine public? Plus d’un an après le départ de la Marine, et le transfert de ses archives à l’extrémité ouest de la Corderie, la question continue de préoccuper Michel Bonjardini, président de l’Association de défense et protection du Faron. « La 1re adjointe Geneviève Levy nous a affirmé, le 18 octobre, que ni la commune ni
TPMne se porteront acquéreurs du fort. Ce refus nous a été confirmé par le ministère de la Défense. Ce bien sera donc prochainement remis au service France Domaine, en vue d’une cession », a-t-il écrit, le 21 février, au maire Hubert Falco.

Cession gratuite au Conservatoire?

Flanqué d’un pont-levis et de cinq bastions, ce fort est, à n’en pas douter, un bien d’exception. Situé, de surcroît, au pied du Faron. Dans une zone protégée. Et pourtant, l’État cherche à s’en séparer… Fin 20Il, la rumeur d’achat du site, par un milliardaire belge, avait affolé ses protecteurs. Pour couper court à toute spéculation, Michel Bonjardini invite donc l’État à le céder, « pour un euro symbolique » au Conservatoire du littoral. « S’il en est propriétaire, ce fort pourrait devenir un lieu ouvert à tous. Pour cela, deux voies s’ouvrent. La préemption, et l’acquisition gratuite “, explique-t-il, convaincu du bien-fondé de son argument.

Un lieu chargé d’histoire

« La convention qui lie le Conservatoire au ministère de la Défense rend la cession possible. Mais elle ne peut se réaliser que si une collectivité locale s’engage fortement à gérer, restaurer, valoriser le bien. ” D’où sa requête, auprès de l’édile toulonnais. « Ce fort est chargé d’histoire et demeure facile d’accès, car la route est à double sens. Il pourrait servir de lieu d’exposition, accueillir des concerts en plein air, sans que cela ne dérange le voisinage. Le capitaine des pompiers, Albert Meuvret, a même proposé de créer un musée du casque “, complète M.Bonjardini.

Le président du Comité d’intérêt local de Fort-Rouge, Albert Tanguy, et Valentin Giès, de Toulon @Venir, souhaitent le voir intégré au coeur d’un “circuit touristique”. axé sur les Forts du Faron. Mais la ville de Toulon – à qui l’État a notifié son droit de priorité – se heurte à un frein majeur. Ou plutôt deux: « Les risques d’éboulement posent un vrai problème. Et le fort est inclus, en partie, dans le périmètre du Plan de prévention des ‘risques d’incendie”, indique l’adjoint à l’urbanisme, Philippe Sans.

Sans parler du coût financier qu’engendrerait sa mise aux normes. « Dans l’état actuel des choses, l’ouverture de ce site au public n’est pas envisageable », conclut l’élu. La création d’un hôtel de luxe ou d’un restaurant, avec vue sur la rade, paraît donc impossible. Dans sa réponse écrite (lire ci-contre) aux Verts, la ministre de la Culture, Aurélie Filipetti, l’affirme, d’un ton serein: « Le massif du Faron est classé au titre de la loi 1930 pour la protection des sites et monuments naturels. Il s’agit d’une protection forte, garantissant a priori la conservation du lieu, quel que soit son statut.»

Classé monument historique ?

Construit en 1840, à l’ouest du Faron, pour contrôler le débouché de la vallée du Las, le fort Saint-Antoine s’étale sur sept hectares. L’annonce de sa mise en vente, sur le site des cessions immobilières de Bercy (www.economie.gouv.fr). avait soulevé, en 2011, une vague de réactions. Des comités de quartier aux élus d’opposition, plusieurs courriers ont été adressés au ministère de la Défense et de la Culture. Dans sa réponse à Philippe Chesneau, co-président du groupe Europe-Écologie-Les Verts en région Paca, Aurélie Filipetti affirme, en retour, que l’ensemble défensif du Faron pourrait faire l’objet, d’ici peu, d’un classement au titre des monuments historiques. « La question de la protection du fort pourra être étudiée par les services de la Direction régionale des affaires culturelles, ceci dans le cadre plus général d’une thématique de protection du patrimoine militaire de la côte provencale et azuréenne », assure la ministre de la Culture.

SEBASTIEN BOTELLA

sbotella@nicematin.fr