VAR MATIN – édition LA SEYNE-SUR-MER  du 6 mai 2011.

TRANSPORTS. Une réunion publique a réuni une centaine d’élus et de citoyens convaincus et militants. Tandis que la municipalité seynoise évite de se positionner.

Un argumentaire chiffré et méthodique en faveur du tramway.

Voilà le travail de conviction que mène le Collectif tramway (1)depuis plusieurs mois dans l’agglomération toulonnaise. Mercredi soir, l’exercice s’est déroulé à la Bourse du travail, en présence d’une centaine de participants.

En une heure et demie de débat, une vingtaine de personnes, ont pris la parole. Tous sont pour un authentique tramway sur rail. Et contre la version bus à haut niveau de service (BHNS).

Malgré l’invitation aucun élu de la majorité UMP au sein de l’agglomération n’était venu défendre le projet ayant désormais les faveurs du président de TPM Hubert Falco. Mais le BHNS “n’a jamais fait l’objet du vote des élus locaux, tempête Robert Alfonsi, élu toulonnais présent dans la salle. “Seul le tramway a été approuvé, par une déclaration d’utilité publique, en 2005. ” Et à l’époque, “le vote des élus avait été unanime “.

Le “ni-ni”du maire.

Le collectif place le débat sur le plan technique, tandis que les élus de gauche escaladent sa face politique. La municipalité seynoise reste assise entre deux chaises. Le maire Marc Vuillemot, qui n’était pas présent, a été remercié maintes fois de bien vouloir accueillir la réunion dans sa ville. Petit exercice de diplomatie locale.

L’adjoint et pilier de la majorité Claude Astore portait la voix du maire, qui justement ne dit ni oui ni non. Poussé à être plus explicite, Claude Astore reprend : “Pour nous, il est vital qu’il y ait un transport en commun en site propre. Que ce soit un BHNS ou sur rail. Nous ne nous acharnerons pas compte tenu des difficultés de transports rencontrées par notre ville.

Prochaine étape en juin.

Le collectif lui répond que le plus rapide serait de faire rouler le tramway, car “toutes les études ont été faites“. Contrairement au BHNS, pour lequel “il faudra refaire une enquête publique. Et il y aura des contentieux“. Robert Alfonsi enfonce le clou : “Dans le calendrier prévisionnel du BHNS, La Seyne est reléguée en 2020, c’est inadmissible”.

Selon lui, une délibération sera présentée au conseil communautaire en juin prochain. Cela tombe bien, les élus seynois y seront présents eux aussi. Entre élus de gauche, ce sera l’heure de vérité : un discours commun à l’échelle de l’agglo, ou des voix discordantes dans chaque commune. SONIA BONNIN

Savoir + Internet : www.tramwaytoulon.com.

(1) L’assemblée générale du Collectif tramway aura lieu le 14 mai, à 09H30 dans la maison Méditerranée à Toulon.

 

 

Les points chauds de la discussion.

Le diagnostic

Le porte-parole du Collectif tramway, Valentin Gies, a décrit les avantages comparatifs du tramway sur le BHNS, avec “des sources ministérielles, certifiées, pas des chiffres à nous“, précise-t-il d’emblée.

Le besoin de transport sur le centre-ville toulonnais est évalué à “4000 passagers par heure et par sens“. Le tramway “peut en transporter 6000, le BHNS 3000

L’investissement initial du tramway est plus cher (520M€ contre 340M€) mais le coût de fonctionnement est deux fois moindre. En quinze ans, “c’est rentabilisé“. Robert Alfonsi estime que le coût est “un faux débat “. “TPM peut bénéficier d’aides importantes. En octobre, Nice a reçu 54M€ pour financer son tramway“.

Le comparatif des travaux

Bien que TPM soit d’un autre avis, le collectif estime que les travaux “sont relativement comparables” entre un tramway et un BHNS. Dans les deux cas “il faut déplacer tous les réseaux souterrains pour couler des dalles en béton“. Durée estimée : 2 ans et demi. Par contre, le BHNS (sans rail) “a une emprise au sol plus importante“. Sept mètres pour le BHNS, six pour le tramway. “Il y a des endroits où ça ne passera pas. Le bus sera mis au milieu du trafic voitures. Est-ce légitime de faire un tel investissement pour cela ?

Les contentieux

Selon Valentin Gies, le projet version BHNS serait frappé d’un risque de contentieux important. Selon lui, “il faudra refaire une déclaration d’utilité publique“.

Mi-mai le collectif se réunira (1) pour modifier ses statuts et avoir “la capacité d’agir en justice“. “On fera valoir le droit du citoyen. La jurisprudence nous est plus que favorable“.

Consultation du public

L’élue communiste seynoise Christine Sampéré a demandé “un référendum“, la “protection des terres agricoles” et “la gratuité des transports en commun“. La CGT désire “un grand débat public à l’échelle de TPM“. L’élu socialiste six-fournais Philippe Comani s’est étonné que la 6e ville du Var soit oubliée. Le collectif réfléchit à proposer “un tracé plutôt vers Six-Fours que vers Saint-Mandrier“. Denise Reverdito, membre d’Europe Ecologie les Verts, s’est dite “très choquée en terme de démocratie“. Selon elle, “comment peut-on faire autre chose que ce qui a été voté par les élus ? Le citoyen est floué“.

(1) L’assemblée générale du Collectif tramway aura lieu le 14 mai, à 09h30, à la maison Méditerranée à Toulon.

Les contre-exemples

Marie-Jeanne Gobert, élue de la ville de Caen, de passage à La Seyne, a tenu à témoigner du Tram sur voie réservée, choisi dans sa ville, “présenté comme un super BHNS“. Sept ans après sa mise en service, elle se désole : “Jamais plus ! On est 110 000 habitants et on laisse des gens sur le trottoir le matin. On a mis de l’argent et les gens sont obligés d’attendre, car la capacité est insuffisante.” Robert Alfonsi rapporte que le maire de Nantes regrette d’avoir choisi le BHNS. “Quand ils ont voulu faire une seconde ligne, ils ont choisi le tram.”