La Marseillaise du 16 février 2016 – article rédigé par Thierry Turpin.

Déplacement. Le monde associatif réagit aux propos d’Hubert Falco, le président de l’agglomération toulonnaise, en séance du conseil du 12 février au sujet du Transport en commun en site propre.

Sujet ultra-sensible dans le landerneau toulonnais : le tramway. Avec d’un côté un président d’agglo’ qui s’obstine et n’en démord pas (plus ?). Ce qui donne en substance un : « Non, non, non et non ! »

Et à l’autre bout de la chaîne, un monde associatif qui multiplie les études, pétitions et recours pour remettre enfin le projet sur les rails. Inutile de dire que le dialogue n’est pas près de s’amorcer, ni une synthèse de se dessiner.

Lors du dernier conseil communautaire (lire notre édition du 13 février), Hubert Falco l’a une nouvelle fois martelé, en remettant une couche.

Il n’en faut pas davantage pour ranimer une guerre du rail qui n’a jamais vraiment connu de véritable cessez-le-feu.

« Éléments désuets et des arguments non avérés »

Le président du Collectif tramway a tenu à réagir vivement après la dernière sortie du président de TPM. « Hubert Falco ne fait là que se conforter dans un entêtement aveugle, refusant d’évoluer en fonction de la situation socio-économique de l’agglomération, appelée à devenir métropole », commence Jean-François Guyetand. « En dehors de l’opposition, on constate avec désolation qu’aucun conseiller communautaire n’a eu le courage de réagir, de peur de porter ombrage au souverain président

Pas question en tout cas pour le responsable associatif d’abandonner le combat : « Le Collectif tramway continuera à lutter pour promouvoir le seul transport en commun adapté aux besoins réels de la population de l’aire toulonnaise et pas seulement de la ville de Toulon. »

« Où est le tramway qui devait être l’épine dorsale de notre agglomération et relier le pôle mer à l’université ? », s’interrogeait lui aussi il y a peu en séance publique Valentin Gies, le président de Toulon@Venir, l’une des associations engagée dans le Collectif tramway.

Le président du collectif souligne « que le bilan du dernier PDU  [Plan de déplacement urbain, NDLR] est présenté de façon biaisée par M. Yannick Chenevard, vice-président chargé des transports. Citant une avalanche incomplète de chiffres, TPM lance pour le prochain PDU une “concertationa minima pour échapper aux critiques... »

Pour le collectif « le projet de TPM repose sur des éléments désuets et des arguments non avérés ».

Le fait par exemple de prétendre s’inspirer du Bus à haut niveau de service de Metz tient lieu d’aberration : « On omet simplement de préciser que l’agglomération messine compte 220 000 habitants, alors que la nôtre en compte le double.»

Autre exemple, celui-là plus malheureux, que rappelle le président du Collectif tramway, celui de Caen « où, après 15 ans d’un BHNS vite dépassé, il faut maintenant recourir au tramway sur rails…»

Les voix de la discorde vont toujours bon train. THIERRY TURPIN

Une chape de plomb

« Tout est bloqué ! Une nouvelle chape de plomb s’est abattue sur le projet », commence Jean-François Guyetand, le président du Collectif tramway. « Le tramway est un projet d’intérêt général structurant pour l’agglomération », continue-t-il.

Interrogé sur le refus absolu du président de TPM d’entendre les propositions du monde associatif favorable au rail, Jean-François Guyetand reste prudent : « Personne ne sait vraiment. Un jour, il a déclaré que le tramway était dépassé… »

Pour le responsable du Collectif tramway, il y a une véritable incohérence entre les intentions d’insuffler une dynamique économique au sein de l’agglo’ et le fait de ne pas avoir mis en place en premier lieu un système de déplacement performant : « Comme cela a été fait dans toutes les autres grandes agglomérations », précise-t-il. Et de citer – pour illustrer les conséquences que pourrait produire cette absence d’aménagement pour desservir ces pôles d’attractivité – les 6 à 8000 véhicules par jour attendus, selon l’étude technique, pour rejoindre le futur centre commercial Avenue 83. « L’autoroute A 57 est déjà en l’état plus qu’encombrée. Souvent bouchée… »

Le responsable associatif rappelle l’impact pour les habitants de l’agglomération de ce trop d’autos tant en termes de pollution, que de confort et d’organisation de la vie quotidienne. « Nous allons continuer à les informer, notamment en tractant au niveau des voyageurs du Réseau Mistral qui n’est pas aussi performant que veut bien le dire monsieur Yannick Chenevard… Des usagers qui sont souvent plus que déroutés lorsqu’on leur apprend que le projet tramway a été abandonné. »

Comme quoi, le mal du transport à Toulon est loin d’être un phénomène passager. Et les effets indésirables légion. T.T.

Repères

J-F. Guyetand, président du Collectif tramway :

« En prenant dès maintenant la bonne décision, ne serait-il pas plus sage d’éviter de faire payer deux fois les contribuables ? »

Site propre

Le choix d’un transport en commun en site propre pour une agglomération de 430 000 habitants, doit permettre à tous, usagers des transports collectifs, piétons, cyclistes, mais aussi automobilistes, de mieux circuler et de mieux vivre. « Malheureusement, ce n’est pas aujourd’hui la voie prise par le Président de TPM qui a choisi d’abandonner le tramway sur rails au profit d’un BHNS. »

La Marseillaise du 16_02_2016