Compte rendu de la première réunion de Toulon @Venir sur le thème :

Toulon 2030  – LE  TOULON  DE  NOS  ENFANTS

Présentation de la démarche :

Toulon @ Venir a initié l’organisation d’un cycle de conférences sur le thème titre qui seront suivis de conférences-débats publics. L’objectif est de comprendre en profondeur, de réfléchir et de proposer des projets sur le territoire toulonnaise et en particulier son urbanisme. Pour cela, notre but est d’imaginer « le Toulon de nos enfants » en le mettant en perspective avec l’ histoire de notre ville et de notre agglomération ainsi qu’avec l’évolution de notre ville.

Pour ce faire, nous nous ferons appel à des experts reconnus : historiens, sociologues, urbanistes, économistes…

La première conférence-débat : l’Histoire de Toulon par M. Antoine MARMOTTANS

M. Antoine MARMOTTANS est Président honoraire de l’Académie du Var et historien de la ville de Toulon. En vint cinq ans de travail, il a écrit 15 ouvrages sur ce thème. Le premier en 1991 était « Toulon Nostalgie », le plus récent étant « Toulon des années 30 ». Il convient également de citer « les Ephémérides », publiés avec les Amis du vieux Toulon et qui sont parus dans Var Matin, chaque jour, en 2009 et 2010.

La parole est à M. MARMOTTANS qui va nous présenter un historique de la création et de l’évolution de Toulon et son agglomération :

Comment Toulon s’est-elle agrandie ?

Pendant 700 ans, Toulon a été une ville close puis elle s’est agrandie deux ou trois fois  au cours de l’histoire par des à coups successifs.

Ce fut d’abord une ville romaine de 4 à 5000 habitants, limitée par les zones marécageuses du Las à l’ouest et celles de l’Eygoutier à l’est. Très active, elle se livre à l’exportation de vin provenant de La Roquebrussane mais aussi à la teinture du pourpre de la toge des empereurs. Il y avait deux secteurs de cette industrie en Gaule : Narbonne et Toulon mais cette affirmation est parfois sujette à controverse !!!

Au 5ème siècle le déclin de l’empire romain entraîne celui de Toulon. Toutefois, en 430 on assiste à la renaissance de Toulon autour d’un évêché organisé en diocèses ce  qui a façonné l’organisation  de la ville.

En l’an Mille la féodalité s’impose en Gaule et Toulon devient une Seigneurie.

En  1178 et 1196 deux raids de Sarrazins (ceux-ci venus des Baléares) arrivés par la rade des Vignettes, pillent la ville et tuent beaucoup de Toulonnais. En conséquences, lourdes de sens et d’effets à long terme, Toulon s’entoure d’un mur de protection en 1200 pour se préserver  de ces désagréments.

La ville médiévale :  La ville actuelle est projetée autour de la ville médiévale, limitée au nord et au sud par la place Puget et le port et d’ouest en est par le cours Lafayette et la rue d’Alger actuels. La cité est alors alimentée en eau par l’eau du Béal venue de la source Saint Antoine et qui passe vers la rue Felix Pyat. Toulon a alors la réputation d’une ville sale et nauséabonde . On se servirait de cette odeur pour réveiller les morts !!! Curieusement, le premier agrandissement notoire se fait par le sud dont la rue Seillon deviendra l’avenue de la République.

En raison des murs de la cité devenus trop étroits, se pose déjà un problème majeur : celui du logement. Des sortes de faubourg appelés des borcs se créent alors comme autant de petits villages qui deviendront les quartiers de Toulon plus tard.

Entre 1500 et 1550 il faut encore agrandir et cela se fait en englobant ce fameux borcs, avec une partie centrale entourée de fortifications comportant 5 bastions.

En 1599 la décision d’accueillir les vaisseaux du roi conduit à la construction d’une darse en 1661. Peu de choses toutefois sont à noter du point de vue des équipements urbanistiques à l’exception de la construction d’un hôpital à l’emplacement de l’actuelle Bourse du Travail. La circulation continue à se faire par deux avenues qui se croisent à angle droit : celle qui va de la place Puget à la mer, et celle qui va de la place de l’Intendance (porte Notre  Dame) à la Porte d’Italie. Pendant cette période , Toulon est vraiment fermée et cadenassée la nuit !

Le XVIIème Siècle fait de Toulon une ville prospère avec un trafic commercial important concernant les tanneries et les fabriques de savon. Cette dernière industrie verra Marseille gagner le combat commercial car elle, n’exige pas de taxe sur l’huile. En 1660 Toulon reçoit la visite de Louis XIV. Des améliorations notoires sont entreprises : Un hôpital se construit à l’emplacement de l’actuel  théâtre, la cathédrale alors orientée à l’est est étendue (c’est pour cela qu’elle est aujourd’hui dirigée vers le Nord) et l’hôtel de ville. Un problème de place déjà existant est compliqué par l’existence de 12 couvents dans la ville.

Fin 17ème Monseigneur Chalucet exerce la charité hors les murs et l’hôpital Chalucet se construit hors des remparts.

Le XVIIIème siècle voit le déclin de la population toulonnaise en raison des guerres et des maladies. On note une nette diminution lors du siège de 1707 et de l’hiver 1709. La peste de 1721 diminue la population de moitié. Les immigrations de 1793 font chuter la population de  au moins de 1000 personnes

Le XIXème siècle voit arriver un afflux d’ouvriers Italiens car on a besoin de main d’œuvre pour les bateaux et aussi parce qu’on ne sait plus où loger les Toulonnais : il faut construire ! Les constructions sont toutefois interdites dans un périmètre de 500 m autour des remparts, possessions militaires. C4est également l’époque où l’on voit apparaître des étages supplémentaires sur les bâtiments. En 1845 Louis Philippe provoque de grands projets d’amélioration pour Toulon dont l’agrandissements prévu par les plans de Victor Clapier concernant les rues Picot et Revel au-delà des remparts de l’actuel  Bd de Strasbourg. Mais, ils ne seront pas entièrement réalisés à cause de la révolution de 1848.

En 1852 Bonaparte décide l’agrandissement de la ville. La joie de la population est immense. Le maire de l’époque M. Raynaud, ancien directeur du bagne, ordonne la destruction des remparts à laquelle les Toulonnais s’emploient dans l’allégresse. Une nouvelle ville se construit au nord  du Bd Bonaparte qui contribue à une discrimination sociale d’envergure qui durera cinquante ans : les riches dans la haute ville, les pauvres dans la basse ville. L’architecte Dauphin réalise le bel immeuble remarquable qui se trouve à l’angle du théâtre. En 1862, d’importantes infrastructures sont réalisées. L’hôpital est déplacé à Chalucet, A la place de l’ancien hôpital, le théâtre est construit. En 1867 le Lycée Bonaparte est construit. Il est à noter que ces réalisations ont été placées le long du Bd Bonaparte (aujourd’hui Bd De Strasbourg).

En 1870 l’avenue de l’Avenir (du théâtre jusqu’au quais et ses deux perpendiculaires) est projetée pour la première fois ! Mais le problème de Toulon à cette époque est que son maire ne sait pas ce qu’il veut faire : il  en fait toujours trop ou trop peu et on recule sur les projets. L’avenue de l’Avenir ou de la Rade, sera à nouveau présente dans les projets avec Madeline ultérieurement et dans un projet touristique de Roussel.

Jusqu’aux années 1940, Toulon ne change pratiquement plus mais il y a des projets tels qu’une volonté de Roussel de développer le tourisme avec deux gares routières prévues à l’Est et à l’Ouest pour accueillir les touristes et la gare SNCF en simplifiant les démarches pour les touristes.

Les réalisations d’après guerre

La fin de la 2éme guerre mondiale voit la reconstruction de la ville avec les projets Madeline et Demailly et la frontale du port que certains trouvent affreuse mais à laquelle on s’est habitué bien que ces immeubles n’aient rien de provençal. A l’époque sont également posées des contraintes aujourd’hui étonnantes : des quais étroits pour que les gens ait le sentiment de proximité !

Les plages du Mourillon : elles ont rencontré une forte résistance lors de leur construction mais sont très prisées des Toulonnais aujourd’hui. La question qui se pose est celle de leur importance dans le tourisme national. La réponse est négative, ce sont des aménagements utiles aux toulonnais mais peu attractives pour les touristes extérieurs au Var.

Les reconstructions plus récentes telles que la Visitation et la place du Murier sont assez réussies mais ce sont des espaces qui ne vivent pas

L’urbanisation a gagné les communes limitrophes de Toulon et a constitué un important continuum. Cela amène à la nécessité de penser en termes d’agglomération toulonnaise plutôt qu’en termes de ville de Toulon.

Retranscription des échanges avec le public :

Quel impact de la Marine sur la ville ?
M. MARMOTTANS : Il est important et parfois jugé envahissant mais on reconnaît un impact majeur sur l’économie. Longtemps il n’y a pas eu d’autre activité que la Marine parce que Toulon restait en dehors de l’axe Marseille-Nice au niveau commercial.

Quel développement possible pour le tourisme ?
M. MARMOTTANS : Peu d’offres et pas grand-chose à voir d’intérêt international. Le Faron serait attractif mais la route est scabreuse et le téléphérique n’accepte que 10 personnes. Les forts seraient des lieux touristiques majeurs mai il n’y a pas de volonté politique pour animer tout cela. Il faudrait utiliser la rade et son histoire car la rade a vu se dérouler l’histoire de la France.

Le musée du vieux Toulon ?
M. MARMOTTANS : Il a été déménagé alors que le projet qui a justifié cela est loin d’être réalisé (hotel restaurant de luxe sur le Cours Lafayette) : son nouvel emplacement n’est pas cohérent avec le lieu et l’environnement.

Le défaut de Toulon ?
M. MARMOTTANS : Toulon a été détruit par les hommes, les guerres et le temps.

Des endroits à protéger ?
M. MARMOTTANS : Le jardin du Roy (Bastille, 1661) : Il appartient à l’évêché mais constitue un lieu magnifique et méconnu.

Le problème de Toulon ?
M. MARMOTTANS : Ne pas savoir ce que l’on veut faire !

Un gisement touristique ?
M. MARMOTTANS : L’impact Napoléon : le siège de 93 de Toulon s’est déroulé en réalité sur TPM puisque le Revest , Ollioules etc…étaient impliqués. La ville est très attachée à Bonaparte qui a apporté du travail

Le développement économique ?
M. MARMOTTANS : Il serait intéressant de développer en particulier l’Université pour attirer une population dynamique.

Un fait toulonnais dont tout le monde voudrait qu’il n’ait pas existé ?
M. MARMOTTANS : Le sabordage de la flotte : un épisode terrible que l’on cache et que l’on tait.