8 ans se sont passés depuis le lancement du projet de rénovation ANRU en 2006. D’avenant en avenant, de retards en retards, le centre ancien n’a finalement pas réellement changé comme annoncé initialement. 

La rénovation ANRU du centre ancien : un échec flagrant

Les engagements liés à la convention ANRU de 2006 étaient les suivants, tout devait être terminé en 2011 :

  • 512 logements sociaux prévus
  • 442 logements étudiants prévus
  • 240 logements locatifs libres prévus
  • Equipements publics :
    • Maison de la vie associative
    • Pôle Santé
    • Maison commune des services à la population
    • Locaux associatifs
    • Equipements jeunesse
    • Equipement petite enfance
  • Aménagements :
    • Equipements vie étudiante dans la bourse du travail.
    • Restauration de la porte d’Italie avec aménagement des jardins et fortifications.
    • Aménagement d’une rue étudiante

Force est de constater que même avec 3 ans de retard, les réalisations sont bien loin des promesses : moins de 20 % de ces engagements ont été tenus. La majorité des équipements publics ont été abandonnés, les aménagements ont été également annulés, coté logements, la seule opération d’ampleur qui finira par être réalisée (l’îlot Baudin) n’offrira que 103 logements étudiants, 43 logements sociaux et 1 micro crèche… Pire, comme chacun peut commencer à le découvrir aujourd’hui, cette reconstruction va donner naissance à un nouvel ensemble très enclavé, sans aération urbaine, qui n’est pas sans rappeler l’échec urbanistique qu’a été le quartier de la Visitation.

Dans ce contexte, le dossier certes complexe de la rénovation du centre ancien de Toulon aura été proche d’un fiasco, qui plus est très onéreux pour le contribuable, qui paie depuis des années les intérêts des emprunts contractés, en particulier par Var Aménagement Développement, pour acheter dès les premiers temps du projet des immeubles, destinés à être réhabilités mais qui n’ont jamais été revendus. Cet échec avait pourtant été pointé par le cabinet d’audit Espacité en 2009, sans réaction réelle de la part de la Mairie.

Au final, le véritable problème aujourd’hui est que les toulonnais, et en particulier les résidents du quartier n’ont aucun gage d’amélioration de la situation, ne sont toujours pas associés au projet et ne sont même pas informés de ce qui va se passer, contrairement aux obligations de concertation figurant dans la convention ANRU. Des opérations mineures sont prévues au coup par coup, mais rien de cohérent n’est proposé, aucune vision urbanistique d’ensemble ne semble être envisagée pour faire revivre le centre ancien et lui permettre d’assumer son statut de cœur palpitant de l’agglomération toulonnaise.

Au lieu de cela, devant les difficultés financières de Var Aménagement Développement et devant l’échec de la rénovation ANRU du centre ancien de Toulon, un autre choix a été fait en 2013 : l’opération “Toulon vous accueille”.

“Toulon vous accueille” : des opérations peu cohérentes, discutables et onéreuses pour le contribuable

Votée en Janvier 2013, cette opération menée par une Société Publique Locale d’Aménagement (SPLA) dénommée SPLM (M pour Méditerranée), consiste en la réalisation d’opérations s’apparentant autant à de la promotion immobilière qu’à de l’aménagement, en divers lieux de la ville, artificiellement connectés entre eux.

A ce titre, et c’est un risque juridique, les opérations envisagées sont assez éloignées de la raison d’être des SPLM, à savoir aménager une “partie de ville”.

Les 3 opérations situées dans le centre ancien

  • La Bourse du Travail : opération commerciale (Monoprix)
  • Les Halles : opération commerciale
  • L’ancien Évêché : hôtellerie – restauration

Les budgets prévisionnels nous interpellent : le coût prévisionnel de la rénovation est de 31,5M€, le prix de revente à des investisseurs privés est fixé quant à lui à 16,7M€ pour l’ensemble des trois opérations. Le contribuable devra-t-il éponger une ardoise de 14,8M€, soit 47% du coût total de la rénovation, le tout pour que des biens appartenant au public aujourd’hui soient cédés à des entreprises privées ? Un tel montage nous parait totalement inacceptable si c’est bien le cas.

L’opération “Avenue de la victoire du 8 Mai 1945” ou “Parc des Lices”

Cette opération consiste en la suppression d’un tiers du Parc des Lices, pour partie à l’emplacement actuel des espaces boisés entourant les anciens bâtiments de la Mairie, pour y construire 14.000 m² de logements. Supprimer un tiers du poumon vert du centre de Toulon, juste en face du quartier de Claret, est en totale contradiction avec la préservation du cadre de vie des toulonnais.

L’opération Fort du Cap Brun-Manderley

La construction de 8 logements de 200 m² chacun et de catégorie supérieure est programmée au Cap Brun. Une telle opération s’apparente directement à de la promotion immobilière et ne semble pas compatible avec l’objet d’une SPLA.

Un équilibre financier artificiel et discutable

L’ensemble des opérations prévues est équilibré financièrement mais de manière artificielle. En effet, dans les opérations, des prix de vente exorbitants sont prévus sur des superficies importantes. Par exemple, dans l’opération du Parc des Lices, 4200 m² de logements doivent être vendus entre 5000 et 6000 € le m². Un tel prix est impossible à atteindre et Toulon vous accueille” nous fait craindre un important déficit financier pour la SPLM et donc pour ses financeurs publics, au premier rang desquels la Mairie de Toulon et donc le contribuable.

Conclusion

Après 8 ans, la rénovation du centre ancien de Toulon est un échec patent tant sur le plan du logement que des équipements publics. Ce constat a manifestement été partagé par la Mairie qui a fait le choix de changer d’aménageur sur une partie des opérations prévues initialement. Ce choix s’est traduit par le lancement d’une nouvelle opération baptisée “Toulon vous accueille”, qui présente des risques juridiques et financiers, mais aussi et surtout qui menace de bétonnage un tiers du Parc des Lices, coté Claret.

En conclusion, nous demandons à la Mairie de Toulon de reconsidérer ces projets dont les effets seront dramatiques, tant pour les finances de la ville que pour la qualité du cadre de vie des toulonnais.