logo LMRS du 5 avril 2016 – article rédigé par Romain Alcaraz

Transport – Une douzaine d’associations regroupées en collectif s’élève contre une concertation a minima dans l’élaboration du PDU.

De larges manquements à la transparence engagent le collectif tramway à renforcer sa détermination.

Concertation : (nom féminin) action de se concerter, de s’entendre pour agir ensemble. La définition du mot ne doit pas être la même pour tout le monde.

C’est en substance ce qu’ont dénoncé hier plusieurs représentants des associations de citoyens regroupées dans le collectif tramway. Collectif qui, comme son nom l’indique, agit en faveur d’un mode de transport sur rail pour l’agglomération toulonnaise.

Et dont plusieurs de ses membres participaient à la réunion de concertation organisée en vue de l’élaboration du nouveau Plan de déplacement urbain (PDU) sur Toulon Provence Méditerranée (TPM). Et le moins que l’on puisse dire, c’est que leurs espoirs d’une « action de s’entendre pour agir ensemble » ont vite été douchés.

« TPM veut imposer ses mesures sans discuter. Çà suffit. » C’est Jean-François Guyetand, président du collectif et par ailleurs membre du Comité d’intérêt local (CIL) La Coupiane (à La Valette), qui parle. Il se souvient d’une réunion « à l’ambiance condescendante, parfois désagréable ». Bref, peu engageante.

Valentin Giès, porte-parole du collectif, enchaîne. « On s’attendait à pouvoir récupérer les documents de travail pour pouvoir en discuter avec les membres de nos associations, pour trouver un compromis dans une seconde réunion. Mais non : c’était décidé. C’est une vision de la concertation, ce n’est pas la nôtre. »

Quid du Pradet, Carqueiranne…? Et pourtant, ils en avaient des choses à dire, les participants. Notamment vis-à-vis des documents sur lesquels s’appuie le responsable du dossier pour TPM, Yannick Chenevard (injoignable hier).

« Le PDU est aujourd’hui élaboré à partir d’une étude qui date de 2008. Nous demandons qu’une nouvelle “enquête ménage-déplacement” soit réalisée parce que depuis 2008, le paradigme a changé. » Et d’évoquer l’ouverture du second tube sous Toulon, le déménagement de l’entreprise D.C.N.S. à Ollioules, l’aménagement du quartier seynois situé autour du site des ex-chantiers ou encore la création de l’Avenue 83, tout nouveau centre commercial à La Valette. « Il vaut mieux perdre 6 mois, dépenser 1 million d’euros pour réaliser cette enquête, et partir sur de bonnes bases. »

Du côté de TPM, on s’est défendu, en séance de conseil communautaire, pointant l’Etat comme responsable de cette commande. « C’est une erreur qu’a noté le CIL de l’Est Toulon, fait remarquer Valentin Giès. C’est bien TPM qui doit commander. »

D’autres manquements sont soulignés par le collectif, comme cette autre étude, obligatoire selon la loi, mais dont l’absence, remarquée par Michel Pierre d’Act’Energie, ne provoque aucune sanction : le plan climat-énergie territorial (PCET). « Nous sommes après la Cop 21. On va l’ignorer ? » L’homme poursuit : « L’étude du PDU doit exposer les autres solutions possibles et doit motiver les décisions, notamment en tenant compte de l’impact sur l’environnement. » Il conclut : « Notre proposition [le tramway] va dans le bon sens. »

Autre grief : celui soulevé par l’association Pradet environnement. « Nous sommes complètement oubliés par le PDU. L’élection d’Hubert Falco valait-elle référendum pour l’ensemble des transports sur l’agglo’ ? »

Une question qui fait écho à la remarque de Jean-François Guyetand : « La légitimité qui résulte de l’élection ne saurait d’aucune manière justifier des décisions qui vont à l’encontre de l’intérêt général. » Et évidemment, cette alerte que lancent les militants associatifs aurait tout intérêt à être entendue.

Le collectif ayant déjà prouvé par le passé sa pertinence devant les tribunaux. « On n’en est pas là, esquisse Valentin Giès. Mais quand on construit sur de la vase, l’échafaudage finit dans l’eau. Et on ne laissera pas le PDU se construire sur des sables mouvants… »

Romain Alcaraz ralcaraz@lamarseillaise.fr

EN CHIFFRES

2008

C’est de cette année que date la dernière étude sérieuse sur laquelle peuvent s’appuyer les différentes parties élaborant le nouveau Plan de déplacement urbain. « Par rapport à 2008, plus rien n’est valable », regrette le collectif qui réclame une nouvelle enquête «ménage-déplacement».

2

C’est l’estimation, en milliards d’euros, de la somme engagée par le futur PDU. Soit plus de 1,2 milliard pour l’investissement et moins de 800 millions pour le fonctionnement. Des sommes énormes qui relativisent le coût d’une nouvelle enquête (1 million d’euros).

120

C’est le nombre approximatif de lignes ouvertes par le Réseau Mistral sur le territoire de TPM. Pour « 30 millions de voyageurs par an », estime le collectif tramway. « A Nice, sur la seule ligne de tram, il y a 30 millions de voyageurs par an. A Montpellier, 32 millions.

 lmrs du 5 avril