Nous avions croisé le chemin de cette dame au cours de l’un de nos derniers reportages consacrés au Centre Ancien de Toulon. Au moment où nous visitions l’appartement infesté de souris de Kenza Elmalem, l’une de ses voisines, Fathia Laribi nous invitait  alors à passer prendre quelques photos de son appartement situé au : 23, rue Baudin. “une véritable cave à roquefort”, décrivait-elle alors.

Causer du mal-logement dans le centre ancien de Toulon n’est certes pas une nouveauté. Le problème est récurrent…. Et le projet de réhabilitation qui remonte à 2006 n’a toujours pas règlé le problème de ses habitants. Rappelons qu’on est içi dans l’îlot Baudin promis à une démolition prochaine. Le souci est qu’aucune solution digne, honnête et durable n’a été visiblement mise en oeuvre pour venir en aide aux habitants – au risque de contredire Hubert Falco, maire UMP de la ville et président de l’agglo. On est en effet très loin des satisfecits que ce dernier s’adresse à outrance dans la presse.

“Merci madame Audibert….”

Fathia Laribi, asthmatique vit (vivait?) depuis quelques mois dans un appartement envahi par la moisissure.

Ce qui, jusqu’à ces jours derniers, n’avait vraisemblablement pas l’air d”émouvoir grand monde. “Vous savez, içi,  on est au bord de mer, l’humidité est partout…” lui avait-on alors répondu avec perspicacité du côté deTPM. Ah oui ? Dans les belles demeures résidentielles du Cap-Brun aussi ? Comme c’est dommage, on compatit. Le foncier risque d’en prendre un sacré coup si ça s’ébruite.

Excédée par tout cela après de multiples démarches infructueuses auprès des services compétents, la pauvre Dame prend sa plume et s’adresse alors directement au premier magistrat de sa Commune;

“Je me permets d’attirer votre attention (…). Jusqu’à ce jour aucun appartement ne m’a été attribué, commence-t-elle. “Je tiens à vous préciser que le logement que j’occupe se dégrade de plus en plus : crépis du  plafond qui tombe par plaques, moisissures qui envahissent les murs… Mes meubles sont abîmés….”

 

Elle met ensuite directement en cause dans son courrier un directeur technique de TPM en charge du dossier : “Je lui ai fait part de mes problèmes de santé causés par les moisissures et l’humidité, de mes crises répétées d’asthme. Il m’a répondu que mon cas n’était pas une urgence” reprend-elle indignée.

Mardi matin, coup de théâtre : le rendez-vos tant attendu avec Hélène Audibert (adjointe municipale et conseillère générale UMP) arrive enfin. Cette dernière lui annonce même au cours de l’entretien qu’une chambre d’hôtel va lui être attribuée… en attendant mieux. L’aubaine, quoi !

“Vous savez, je suis contente. J’ai été très bien reçue. Depuis le temps que j’attendais… N’oubliez pas de l’indiquer dans votre article” tient-elle à nous préciser.

Pourquoi pas. Nous ne trouverions même aucune objection à nous faire l’écho d’un enthousiasme partagé par l’ensemble de la population du Centre ancien. Sauf,  que personne n’est encore véritablement sorti de “l’auberge”. Pas même Fathia Laribi, hélas. Etant entendu qu’une chambre d’hôtel ne peut véritablement être considérée  comme une alternative décente au mal-logement .

 

Bon nombre de ces résidents étaient justement présents la semaine dernière auxvoeux de l’association Toulon@venir munis de pancartes exprimant leur ras-le-bol en ces termes : “Rats, moisissures, dangers électriques, mépris, indifférence, expropriation… On en a marre d’être moins considérés que des animaux”.

Ainsi s’expriment toujours les naufragés de l’îlot perdu.

THIERRY TURPIN